AMIS FRERES
bien droit sur ses grandes pattes, le soleil scintillant sur sa robe chocolat, il marche paisiblement. Son maître le tient en laisse de la main gauche, tandis que ses doigts de la main droite étreignent ceux de sa femme...
Ils marchent tous les trois devant moi, je les regarde, touchée de voir à quel point ils sont tranquilles, unis dans leur monde affectueux. Ils s'aiment, chacun suivant son style d'amour... Marchant entre sa femme et son ami le chien, il a l'air presque royal, en équilibre parfait sur le fil de sa vie...
Continuant mon chemin, je pensais à cela : l'amitié entre un chien et son maître, cela nous est presque indispensable, pour être vraiment humains, complets. Car le chien nous sort de notre monde trop connu, étriqué, et nous aide à développer un regard différent pour le deviner, le comprendre. Comprendre que notre vision de la vie n'est pas la seule, et nous donner plus de générosité envers tous les êtres en les laissant exister à leur manière propre...
Je pensais à ce que nous pouvions voir dans les débuts de Montchardon : Le Vénérable Nia Na Dao avait l'habitude de s'asseoir à l'ombre d'un arbre pour méditer, installé en posture du lotus. Le lieu était encore assez sauvage à cette époque et des serpents se baladaient dans les herbes hautes...Il n'était pas du tout rare qu'un serpent passe sur les genoux du Maître en route vers ses affaires. Le Yogi le laissait faire, paisible....Chacun son destin sans que ça perturbe.
A l'automne Il y avait bien moins de monde à l'Espace du Possible... J'aimais aller me promener près des grands pins, écouter le vent dans les branches et craquer le pommes de pin au soleil... Souvent j'apercevais un écureuil sautant de branche en branche... Je commençais à lui parler, à vois douce... L'écureuil, s'arrêtait, m'observait de ses yeux noirs touts ronds, un peu intimidé, et se laissait glisser sur des branches plus basses pour s'approcher... Il écoutait ma voix, je lui disait à quel point sa robe avait une jolie couleur rousse... Et cette observation mutuelle durait un grand moment, chacun fort intéressé par le mystère de l'autre !!!
Dans notre camp de tentes à Prunet, des animaux sauvages vivaient tout près de nous. Le soir Madame renard venait "au marché" dans les chataigners juste au dessus de nos tentes et laissait ses deux petits jouer très très près de nous... ils n'hésitaient pas à venir explorer une tente pas du tout apeuré si Claude venait chercher son pull ! A la nuit tombée, des sangliers arrivaient, nous observaient, mais jamais ils ne nous ont ennuyés ou attaqués. Je me rappelle encore la frayeur que j'ai pu éprouver la première fois que j'en ai vu... Endormie dans ma tente, j'ai été subitement réveillée par des "crouink crouink, croink" et dans l'ouverture de ma tente j'ai vu se profiler une grosse masse sombre... C'était une laie à la recherche de son marcassin égaré de l'autre côté... Maman sanglier a simplement récupéré son petit, aucune menace envers moi...Elle vivait sa vie, moi la mienne....Je pourrai raconter des foules d'histoires avec des animaux sauvages... Qui montrent à quel point cette acceptation tranquille de la différence de nature va dans le sens de l'harmonie entre les êtres....Et permet parfois la rencontre, l'entr'aide... Je n'oublierai jamais l'image de ce petit koala assoiffé sur une route australienne au mieu des incendies, qui "implorait" un homme de lui donner à boire alors qu'il buvait à sa bouteille...Touché, le monsieur s'est penché vers lui .Le petit koala accroché à la jambe du pantalon du monsieur, s'est mis à boire à la bouteille....
J'aime profondément cette salutation Lakota MITAKUYE OYASIN, à tous les miens.... Pas seulement ma famille ou mes amis, mais aussi, tous les frères animaux, plantes rochers ... Tout le monde des êtres.
Vous vous souvenez de Fançois d'Assise, le Saint aux pieds nus, qui se promenait avec son loup en toute amitié ? Il disait "Frère Soleil, Soeur Lune et les étoiles, Frère Vent et les nuages, Soeur Eau, Frère feu, notre Mère la Terre....