marie-martine mestre

PREMIERE RENCONTRE

Déjà, dans l'avion British Airways, je me rendais compte que j'étais incapable de parler anglais courrament, encore moins de comprendre l'hotesse de l'air qui me proposait "menu normal ou végétarien ?"! En essayant de décrypter les panneaux à la correspondance à Londres, j'avais bien failli prendre mes jambes à mon cou et reprendre le 1er avion pour la France, tant ma mémoire restait obtuse ! ... Mais voilà ! l'appel du coeur était si fort que j'ai continué le voyage... Destination ? l'Inde, New Dehli...

Ma soeur Mariette m'avait bien recommandé de faire très attention lors de mon arrivée, une foule de regards noirs, canalisée par des gardes impassibles et une corde qui délimitait leur espace observaient nuit et jour les arrivants sans rien laisser passer. Ne prendre que des taxis officiels, etc.... Les innombrables regards noirs étaient bien là Attendre l'occasion était leur seule occupation. Impressionnant... Il fallait que je trouve comment me rendre à Dharamsala Mac Leod Ganj pour rejoindre la communeauté tibétaine et Tséring... Un guichet... Un imposant indien surmonté d'un turban blanc plus imposant encore... Dans mon fichu  anglais tremblant je lui demande  qu'il me parle des bus, des trains.. Je note ce qu'il me dit, du moins, ce que je crois comprendre de ce qu'il me dit..Bus stand, 2 gares.. on achète les billets dans une gare mais on prend le train pour PatenKot dans l'autre gare...C'était comme cela à l'époque dèja lointaine où j'entreprenais ce 1er voyage en Inde... Plus moyen de vouloir rentrer à la maison, je suis coincée à New Dehli sous le puissant regard du monsieur enturbanné... A ma droite de luxueux bagages en cuir fauves attendent par terre...je me fait expliquer au moins 3 fois toutes les possibilités, je note sur mon cahier, pianote sur ma traductrice électronique...ça prend du temps, et le monsieur commence à s'impatienter, l'air de dire "il aurait mieux valu ne pas entreprendre ce voyage ! " je suis bien d'accord, mais c'est là que je suis ! ... Une imposante dame, style hollandaise très chic dans ses vêtements coloniaux avec un beau chignon blond sur la tête regarde les bagages en tas,  elle en est certainement la propriétaire... elle parle avec le monsieur du guichet avec beaucoup d'aisance.  Tout à coup un garde non moins enturbanné arrive avec une feuille de cahier d'écolier et la présente à la dame.. Elle jette un rapide coup d'oeil sur la feuille, fait non de la tête et continue sa conversation...Le garde s'éloigne vers la foule de regards noirs... Je suis là, plantée devant ce guichet, vraiment perdue, retardant le moment de plonger dans l'inconnu plein de mystères et de dangers !!! Le garde revient avec sa grande feuille, insiste pour que la dame lise ce qu'il y a d'écrit dessus, et lui montre quelquechose dans la foule des regards noirs inexpressifs...Et tout à coup je vois écrit sur la feuille, en lettres énormes "MARIE-MARTINE". Je n'en crois pas mes yeux, Et je me mets à crier, à hurler de stupeur, "oh it's me !I am Marie-Martine !" en frappant ma poitrine de l'index, pour bien montrer que c'est mon nom sur la feuille... Le garde est surpris et retourne vers la foule des regards.. Je le suis des yeux et j'aperçois enfin un magnifique regard lumineux, rieur, qui surpasse touts ces visages tristes et affamés, dans un visage radieux comme un soleil ! Tsering m'avait donné une photo de ce visage, en me demandant si je pouvais aider ce frère dans ses études.. Voilà, c'était Tenzin qui m'attendait depuis 12 h, avec un de ses copains, ne bougeant pas de place pour ne pas râter mon arrivée ! Cela avait bien failli arriver, pourtant ! J'avais envoyé une photo de moi à Tséring pour Tenzin C, chignon blond sur la tête, comme la dame hollandaise aux beaux bagages...Tenzin n'avait pas pu me reconnaître plantée au guichet : je m'étais fait couper les cheveux très court... Cette dame hollandaise, une envoyée des dieux, était revenue chercher ses bagages juste à ce moment là. Si elle ne l'avait pas fait, Tenzin ne lui aurait jamais fait présenter sa feuille écrite et ne l'aurait pas confondue avec moi !

Je me suis précipitée vers lui, me faufillant sous la corde de séparation, un garde essayait de me retenir... mais rien ne pouvait me retenir, rien ne pouvait non plus retenir Tenzin !  Nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre riant à perdre haleine... 10 minutes après nous étions dans un rickshaw filant vers Majnu Katila, le quartier tibétain... Tséring m'avait dit qu'il ne pourrait pas venir m'attendre à Dehli, et je croyais que Tenzin, que je ne connaissais pas,  était à l'université à Chandigarh. Sachant que je serai seule, n'écoutant que son coeur, il était venu à Dehli, et m'avait patiemment attendue ne sachant pas à quelle heure ni par quelle compagnie j'arriverai... 

Tout à coup, plus aucune peur, l'enthousiasme d'être en Inde me portait à m'extasier sur tout, la joie de me rendre compte que quelqu'un m'avait aussi patiemment attendue à l'autre bout du monde...J'étais émerveillée, me sentant très proche de Tenzin... Je ne m'appelais plus Marie-Martine, mais Ama la....

10 juillet



10/07/2013
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