marie-martine mestre

SOUPE D'ORGE A LA TIBETAINE

SOUPE D'ORGE A LA TIBETAINE

C'est une bonne soupe bien réconfortante, pour les grands froids !

Pour 10 personnes environ, il vous faudra réunir :  250gr d'orge mondé (magasins bio), 1 poireau, 1 navet, 1 ou 2 carottes, de la poitrine d'agneau + un peu de plat de côte ou 1 queue de boeuf, sel, quelques tranches fines de gingembre, du piment. Le piment chinois en pâte fait bien l'affaire, ainsique le piment d'Alep ou celui d'Espelette, à doser suivant votre goût personnel. Si vous n'aviez pas de viande, il vous suffirait de demander des os à votre boucher, avec une préférence pour les os à moelle. Les tibétains adorent les os encore bien "garnis dedans et dehors" qu'on peut gratouiller de la pointe du couteau qui ne les quitte jamais !

Si vous vous lancez dans la sauce d'accompagnement prévoyez un bouquet de coriandre fraîche, 1 yaourt nature, 5 "vaches qui rit", 1/2 ou plus de camembert fait à point, un peu de comté, 1 poivron rouge détaillé en minces lanières, 1 piment qui pique, vert clair, allongé, et de l'eau.

La veille, commencez par mettre de côté 2 verres de grains d'orge, puis fâites tremper à l'au claire le reste du grain. Rincez au bout de 5 à 6 heures et remettez dans de l'eau. Le jour même, prenez une poêle pour faire légèrement dorer à sec les 2 verres d'orge mondé. Surveillez bien le dorage, les narines en alerte, en remuant doucement avec une spatule en bois, afin que les grains puissent dorer régulièrement sans brunir... Les parfums qui se dégagent vont vous guider : l'odeur des grains en train de dorer est délicieuse, d'une douceur un peu sauvage et puissante tout à la fois...mais attention si le grain devient marron, l'odeur qui se dégage devient âcre et vous n'aurez plus qu'à jeter vos grains roussis, inemployables, pour refaire une tentative... Il y a quelquechose de patiemment intime dans le fait d'accompagner ainsi le grain, avec respect pour la terre qui l'a nourri, avec cet amour sans mots pour ceux qu'il va nourrir. C'est le geste qu'ont dû faire des millions de femmes sur la planète depuis des temps si reculés que nul ne saurait en parler. C'est pourtant là, bien engrammé dans notre inconscient collectif...Petit moment de souvenirs diffus au plus secret de nos cellules qui, à travers le déroulement du temps, nous relie à tous ces feux près desquels les femmes cuisinaient, tous sens ouverts, souveraines mystiques de l'humanité en ses débuts... 

Prenez un grand faitout, versez 1 litre et demie d'eau, Surtout ne salez pas car les céréales n'aiment pas du tout cela pour cuire et donner une soupe qui devient moelleuse et bienfaisante au corps. Ajoutez l'orge doré, et l'orge qui a gonflé depuis la veille après l'avoir rincé. Puis la viande ou les os, les légumes coupés en cubes et les lamelles de gingembre....Amenez à ébullition puis laissez mijoter à feu doux pendant, allez : 2 ou 3 heures ou même 4, en remuant de temps en temps pour que ça n'accroche pas au fond, en ajoutant 1 ou 2 verres d'eau si nécessaire.

C'était le rôle des grands-mères d'être assises au coin du feu, la cuillère en bois à la main, les "mantras" ou les "avé maria" au bord des lèvres, au bord du coeur...surveillant la tendre alchimie de l'eau, du grain et des ses compagnons de faitout, sous l'action d'un feu maîtrisé...

Assurez-vous que les grains sont presque défaits, presqu'en en bouillie onctueuse.  Sinon faire cuire encore un peu. sans oublier de remuer !  Sortez la viande et les os, mixez cette soupe avec le mixer-plongeur. Coupez la viande en bouchées que vous rajoutez à la soupe avec le sel et le piment, main légère pour l'un comme pour l'autre ! Car la sauce va lui donner sel et piment. Laissez cuire doucement encore 5 à 10 minutes.

Pendant que la soupe cuisait vous aurez eu le temps de préparer cette sauce qui accompagne si bien la soupe.  Dans une casserole vous mettez de 15 à 20 cl d'eau, un peu de sel, le poivron rouge en fines lanières, le piment vert entier, un peu de piment d'Alep ou de pâte de piment chinoise. Laissez cuire 15 minutes. ajoutez alors le yaourt, les crêmes de gruyère débarrassées de leur papier, le camembert coupé en petits morceaux. Remuez en tournant pour que le fromage fonde, ajoutez le comté coupé fin....Vous aurez une sorte de crême très parfumée dans votre casserole. Laissez épaissir au chaud, gaz éteint. Retirez le piment vert et mettez le sur une soucoupe.

Au moment de déguster : Posez le grand faitout sur la table, la soucoupe de piment vert, un bol contenant la crême de fromage encore chaude, un bol contenant la coriandre fraîche ciselée...2 ou 3 louches dans chaque assiette, chacun parsème sa soupe de sauce au fromages et d'un peu de coriandre, et même prend un bout du piment vert (ça, c'est pour les plus hardis !)... Dégustez... la soupe nappe la cuillère et "colle" un peu, parfumée, reconstituante après une longue chevauchée sur les hauts plateaux des Chang-Tang, rattrapant les yacks éparpillés....Oh, excusez-moi, je rêvais..... c'est la soupe qui fait ça !!! Mais elle fait merveille également après une belle rando dans le Vercors enneigé, ou même après une bonne journée de bucheronnage ! Ou comme ça, juste pour le plaisir d'être réunis autour de la table en famille, entre amis !  De toute façon, avant de commencer, vous direz à toute la tablée "Souzi nyapo nyango !"  bon appétit !



10/12/2010
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